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Ecrire l’Europe

Ecrire Europe 2015Ecrire l’Europe est un cycle de conférences autour de la culture européenne contemporaine.

Cette année l’événement se déroulera du 17 février au 7 avril et sera placé sous une inspiration Islandais.

Dans le cadre de ce projet la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg s’associe à l’Université de Strasbourg afin de proposer une série de quatre conférences qui permettront de mettre en lumière l’Europe et ce qui découle de cette “culture européenne”.

Piloté par l’écrivaine et poétesse Steinunn Sigurðardóttir, islandaise polyglotte qui partage sa vie entre la France et l’Allemagne, ce séminaire s’organisera autour d’importantes œuvres de la littérature européenne. Il aura pour but de découvrir, échanger et débattre en anglais ou en français autour de ce projet européen citoyen avec le regard éclairé de Steinunn Sigurðardóttir.

 

Le programme des conférences est le suivant :

  • Mardi, 17/2/15, 18-20 h : Reading the lines. Literally Godot (en anglais)

Selon Tzvetan Todorov, lorsque Kafka écrit « château », il veut dire château. Lorsque Vladimir et Estragon se surnomment invariablement Didi et Gogo, surnoms féminins, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Lorsque Didi et Gogo parlent de leur « lune de miel », entendent-ils lune de miel ? Il en va ainsi tout au long de la pièce, entraînée par un fort courant d’allusions et de remarques explicites quant à la nature des relations entre Didi et Gogo.

Ma relecture, il y a deux ans, d’En attendant Godot m’a totalement prise au dépourvu, bien que je connaisse déjà bien la pièce de Samuel Beckett. Aujourd’hui, je souhaite surprendre grâce à ce que j’ai découvert en lisant les lignes – et non pas entre les lignes – dans l’esprit, je l’espère, de la réflexion de Tzvetan Todorov sur Le Château de Kafka. St. S.

  • Mardi, 03/3/15, 18-20 h : Deux orphelins, frères improbables : Hans Castorp et Olafur Karason (en français)

Ólafur Kárason, le héros poète du superbe roman Lumière du monde d’Halldór Laxness, m’est apparu par erreur à l’âge tendre de mes cinq ans. Ólafur allait devenir l’un de mes plus proches compagnons de voyage au fil des ans.
Hans Castorp, le héros de La Montagne magique de Thomas Mann, m’a trouvée pour la première fois quand j’avais vingt ans. Et une nouvelle fois trois décennies plus tard. C’est seulement à ce moment-là que j’ai compris que ce couple étrange et improbable, Ólafur Kárason et Hans Castorp, était en réalité si profondément lié qu’ils pourraient être qualifiés d’âmes sœurs littéraires.

La première chose qui les unit est leur condition d’orphelins. Le protagoniste orphelin a un statut particulier. L’auteur acquiert alors la possibilité de devenir une sorte de beau-parent pour son héros, avec des possibilités bien plus grandes d’élever sa progéniture littéraire qu’il ne pourrait élever ses propres enfants — disposant, eux, de vrais parents. Et l’on peut sans aucun doute considérer La Montagne magique, entre autres, comme un « Bildungsroman », un roman d’apprentissage.

Je me pencherai sur les liens possibles entre Halldór Laxness et Thomas Mann, deux grands maîtres du XXe siècle et lauréats du prix Nobel. Bien que leurs styles d’écriture soient loin de se ressembler, ils ne perdent jamais leur ironie, non plus que leur vive sensibilité humoristique, dont l’absurde n’est jamais bien loin.
Ólafur Kárason et Hans Castorp sont tous les deux des poètes. Le second le devient lors de sa superbe et inégalable déclaration d’amour à Madame Chaucat. Et ils sont unis par leur naïveté, leur bonté et leur amour, le genre d’amour qui rend la mort insignifiante.

Peu importe la pauvreté et le provincialisme du héros islandais, la richesse et le statut bourgeois du héros allemand : le panorama de leur vie présente malgré tout une forte ressemblance, caractérisée par un silence et une solitude immenses ainsi que par la blancheur de mort des neiges alpine et islandaise. St. S.

  • Mardi, 17/3/15, 18-20 h : Le superbe enfer d’Edith Södergran (en anglais)

« La poétesse suéco-finlandaise Edith Södergran, décédée en 1923 à l’âge de 31 ans, n’a jamais cessé de surprendre les amoureux de la poésie par son intensité et son originalité. Elle était une pionnière de la poésie moderne en langue suédoise – très avant-gardiste.

Sa proximité avec de nombreuses langues a sans doute également contribué à sa brillante production littéraire. Edith Södergran est allée à l’École allemande de Saint-Pétersbourg et parlait donc couramment l’allemand, ainsi que le russe et le français. Elle a d’abord écrit en allemand, et c’est seulement plus tard qu’elle commença à écrire dans sa langue maternelle, le suédois.

Lorsque j’ai lu un soir le poème à voix haute – dans la charmante traduction de Régis Boyer – à mon compagnon compositeur, et que lui et moi l’avionsdéjà lu et entendu de nombreuses fois en suédois et en allemand, j’ai pensé que la clé de l’enfer d’Edith était trouvée. Dans ma conférence, j’utiliserai cette clé pour ouvrir cet espace infernal – un lieu qui ne serait en réalité pas du tout l’enfer, mais un lieu surélevé, aux dimensions du paradis. Un espace que la poétesse ne semble pas apprécier, qu’elle traite avec scepticisme et sarcasme poétique. » St. S.

  • Mardi, 7/4/15, 18-20 h : Alexandre Papadiamantis. Moine féministe. Réflexions sur Les petites filles et la mort (en français)

« Alexandre Papadiamantis (1851-1911), le maître grec qui composa Les Petites filles et la mort, a passé sa vie en solitaire – comme prêtre orthodoxe plus précisément. Il ressentit pourtant la nécessité d’écrire un roman sur l’impossiblecondition des femmes dans la Grèce de son époque.

Si impossible que la vieille Yannou, l’extraordinaire héroïne du roman, s’empare du problème à bras le corps et instaure le meurtre des fillettes afin de leur éviter une vie de souffrances, et surtout le mariage aux hommes irresponsables et violents que décrit le roman.

L’actualité du livre de Papadiamantis est frappante. Aujourd’hui encore, de grandes parties du monde ont à peine progressé en ce qui concerne les souffrances « acceptées » par le sexe féminin. Dans des pays massivement peuplés comme l’Inde, les filles sont si peu désirées qu’une espèce de « féminicide » moderne est pratiqué en recherchant le sexe du fœtus et en avortant si celui-ci est une fille. Remarquons également que, non seulement le thème des Petites filles et la mort nous concerne aujourd’hui, mais aussi que le texte emploie un ton d’une remarquable modernité – et bien plus qu’une simple pointe d’humour noir. » St. S.

 

Toutes les conférences auront lieu dans la salle du conseil de la BNU à Strasbourg.

 

Ecrire l’Europe, un cycle de conférences pour aborder autrement quelques grandes pages de la littérature européenne. Du 17 février au 7 avril à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

 

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